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la confiance c’est pas de l’acquis..

 

 

« Le pardon ne change pas le passé, il élargit les horizons du futur »

La vie fraternelle ne va pas sans blessures, blessures infligées ou blessures reçues. Quand la blessure est profonde, comment peut-on la guérir ? La guérison ne peut venir que du pardon accordé et accueilli, mais cela n’est ni facile ni évident. Parfois, celui qui est blessé dit : « je ne pardonne pas tant que l’autre ne m’a pas demandé pardon ». Il se présente alors comme une victime qui attend, mais qui, en fait, rumine l’événement, entretient la rancune en lui et s’engage progressivement dans un processus de destruction de leur relation.

Pardonner n’est pas facile, car le passé fait mal, c’est pourquoi beaucoup disent « je ne peux pas pardonner parce que je ne peux pas oublier ». C’est vrai, on ne peut pas oublier. En effet, le passé continue à habiter pendant longtemps la mémoire. L’oubli n’est pas la condition du pardon. Le pardon, c’est une réconciliation par-delà l’offense. Avec le pardon, le passé n’est plus considéré comme un obstacle à la relation. Malgré ce qui s’est passé, malgré le mal que tu m’as fait, je poursuis la route avec toi et je te refais confiance.

Le pardon, c’est la confiance renouvelée. La plus grande preuve d’amour que nous ayons pu recevoir d’un frère, de quelqu’un que nous aimons, c’est bien d’avoir reçu de lui le don inestimable du pardon, de la confiance après une faute grave. Le pardon n’est jamais obligatoire. C’est quelque chose qui se donne, ce n’est pas quelque chose qui s’extorque. Il ne faut pas exiger de l’autre de nous pardonner ou de nous demander pardon, car le pardon est vraiment un don gratuit qu’on se fait. C’est le cœur de l’amour.

Ainsi, quand nous pardonnons nous aimons comme Dieu, nous attestons de la résurrection. Nous manifestons que la vie peut continuer malgré les forces de mort, que la confiance peut renaître et que l’espérance laisse entrevoir un avenir. Cet acte conduit deux personnes au salut : l’offenseur reçoit la vie malgré la faute qu’il a commise, l’offensé se trouve en position de rendre la vie malgré sa blessure. Grâce au pardon, la vie reprend.

Que cette vie soit à l’œuvre dans chacune de nos communautés.

Fr. Michel Lachenaud
Maison de la Croix et de la Miséricorde, Évry

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ho%CA%BBoponopono

 

Dans le Hawaiian Dictionary2 hoʻoponopono est défini comme « purification spirituelle, une réunion familiale, durant laquelle les relations sont rétablies par des prières, l’acte de contrition, la repentance et le pardon mutuel. » Le mot hoʻoponopono se compose de hoʻo qui signifie « commencer une action » et pono qui signifie « bonté, honnêteté, moralité, qualités morales, actions correctes et justes, excellence, prospérité, attention, utilité, état naturel, devoir, juste, équitable, droit, approprié, détendu, soulagé, devrait, aurait, doit, nécessaire ; » ponopono signifie « remettre en ordre; juste, retravaillé, harmoniser, corriger, régulariser, ordonner, nettoyer, ranger, agir correctement. »

Traditions polynésiennes

Carte de la Polynésie

En Polynésie, beaucoup de cultures croient qu’un mauvais comportement personnel (hara ou hala) est la cause des maladies. Certains croient que cela fâche les dieux, d’autres croient que cela attire les dieux méchants et d’autres cultures encore croient que les sentiments de culpabilité dus aux mauvaises actions rendent malade. « Cependant, dans la majorité des cas des rites de pénitence étaient exécutés pour racheter une faute, ce qui évitait d’accumuler les erreurs3. »

Sur les îles Vanuatu au sud-ouest de l’Océan Pacifique, les habitants croient que les maladies sont causées habituellement par un faux-pas sexuel ou par la colère. « Si tu es fâché durant deux ou trois jours, un malaise ou une maladie apparaîtra » disait un de leurs sages4. La thérapie pour soigner la maladie consiste pour le malade ou un membre de la famille à reconnaître la faute. Si personne ne reconnaît la faute, le patient pourrait mourir. Les habitants de Vanuata croient, que c’est ce qui est caché, qui donne le pouvoir à la maladie. Lorsque la faute est reconnue, elle n’aurait plus de pouvoir sur la personne5.   ( cependant , il ne faut pas oublier que la faute non reconnue d’une personne a pouvoir sur une autre personne … et arrêter de dire que si on est malade c’est de notre faute.. non la maladie est là pour dire que quelque chose n’est pas reconnu .. que quelque chose reste caché   – ce n’est qu’un rapport bloqué avec quelqu’un…  

Beaucoup d’insulaires, y compris les Hawaïens, les habitants de Tikopia aux îles Salomon et de Rarotonga aux îles Cook, croient que les erreurs commises par les parents peuvent se répercuter sur leurs enfants. Lorsqu’un enfant est malade, les parents sont suspectés de disputes ou de mauvais comportements. À part les maladies, le désordre social, selon la gravité, peut causer l’infertilité du propre jardin ou du pays ou même apporter des catastrophes6. L’harmonie ne peut être retrouvée sans la reconnaissance de la faute et la demande de pardon.

Des traditions similaires se retrouvent à Samoa7, Tahiti8, et chez les Maori de Nouvelle-Zélande9,10,11.

Tradition hawaïenne

Le Hala lei, une couronne de fleurs de l’arbre-Hala, est parfois utilisée pour marquer l’accomplissement du Hoʻoponopono et la disparition des problèmes

Selon l’érudite hawaïenne renommée Mary Kawena Pukui, le hoʻoponopono était une tradition dans l’ancien Hawaï12 qui était transmise oralement et ceci est confirmé par les anciens hawaïens contemporains13. Pukui, née en 1895, décrit dans son livre paru en 1958 ses observations et ses expériences faites avec le hoʻoponopono depuis son enfance14.

Bien que le mot hoʻoponopono ne fût pas utilisé, des historiens hawaïens rapportent une croyance selon laquelle les maladies apparaissaient lorsque les lois spirituelles ou tabou étaient violées et que la maladie ne pouvait être guérie tant que le malade ne se soumettait pas à une pénitence; souvent avec le soutien d’un ou d’une kahuna pule (guérisseur par la prière) ou d’un kahuna lāʻau lapaʻau (guérisseur par les plantes). Le pardon était donné par les dieux15,16 ou par la personne avec qui on était en conflit17.

Pukui écrit que le procédé était une réunion entre les membres de la famille pour reconstituer les liens familiaux brisés. Certaines familles se retrouvaient quotidiennement ou chaque semaine pour pallier les problèmes qui s’annonçaient déjà18. D’autres se réunissaient lorsqu’une personne tombait malade. Elles partaient du fait que les maladies étaient causées par le surmenage, les sentiments de culpabilité, les accusations réciproques et le manque de pardon19,20.

Le Hoʻoponopono corrige les mauvais comportements, il rétablit une bonne relation entre les membres des familles et la maintient; et grâce aux dieux ou Dieu, durant le procédé on arrive jusqu’aux causes des conflits. Habituellement, les anciens de la famille dirigent la purification spirituelle. Si la famille ne peut résoudre le litige, elle s’adresse à une tierce personne respectable et qualifiée dans la matière.

Le procédé : Après une prière, les problèmes sont formulés et les offenses discutées. On attend des membres de la famille le désir sérieux de travailler aux problèmes et non de s’accrocher aux fautes. Pour réfléchir aux confusions émotionnelles et aux offenses commises, plusieurs minutes de silence sont tenues. Les sentiments de chacun doivent être considérés. Puis suivent les reconnaissances des fautes, les repentirs et les pardons mutuels. Chacun lâche l’autre (kala). Tous les participants se libèrent des problèmes (‘oki) et terminent la séance par une cérémonie festive appelée pani, dont le repas comprenait souvent des zostères (limu kala), symbole du lâcher prise réussi21.

Une autre façon de marquer la fin du rituel et la disparition des problèmes, utilisée par la famille du kahuna Makaweliweli de l’île Molokaʻi, consistait à poser sur les épaules de la personne concernée un collier tressé avec des fruits de l’arbre-Hala (lei), voir image22.

« Tati » Malia Craver, qui a travaillé pendant plus de trente ans au Queen Lili’oukalani Children’s Center, a donné des cours de hoʻoponopono traditionnel. Le 30 août, 2000, elle en parla aux Nations unies23.

Versions modernes

Utilisations traditionnelles

À la fin du XXe siècle, les tribunaux commencèrent à ordonner comme peine, aux jeunes et adultes, de faire hoʻoponopono avec leurs familles sous la direction d’un ancien. Ici il faut utiliser la méthode traditionnelle. Ce hoʻoponopono se fait sans la présence d’un juge, mais doit être dirigé par une personne à choisir, dont le nom figure sur une liste proposée par le tribunal24.

Certains médecins indigènes font hoʻoponopono avec leurs patients, au lieu de leur faire consulter un conseiller familial25.

Méthode de Morrnah Simeona
Libération du Karma

Morrnah Simeona (1913-1992), une kahuna lāʻau lapaʻau, commença en 1976 à adapter l’ancien hoʻoponopono aux réalités sociales de notre temps. À celles-ci elle ajouta aussi bien un procédé de résolution des problèmes généraux qu’une thérapie d’entraide psycho-spirituelle, que chacun peut pratiquer seul.

La version de Simeona a été influencée par son éducation chrétienne (protestante et catholique) ainsi que par ses études philosophiques sur l’Inde, la Chine et Edgar Cayce. Elle a relié la tradition hawaïenne avec des prières au Créateur Divin et décrit – autrement que ce qui est connu dans la culture polynésienne – les problèmes comme le résultat du karma négatif, ou que l’on doit vivre soi-même ce que l’on a fait subir aux autres; en conséquence on est le créateur des circonstances de sa propre vie. Tout mauvais comportement est gravé dans la mémoire de la personne ainsi que dans celle de chaque être et objet, qui sont présents lorsque ces causes se sont passées. Elle écrivit : « Car la loi de cause à effet sévit sur chaque être vivant à chaque moment, le but principal de son procédé est de se libérer des expériences malheureuses et négatives vécues dans les réincarnations passées et d’effacer sans surmenage les chocs psychiques gravés dans la mémoire. »26 Les liens karmiques avec les personnes, objets ou lieux empêcheraient un développement libre, pour cette raison « la purification (spirituelle) est nécessaire à l’évolution de la conscience. »27 Son procédé en 14 étapes dissoudrait ces liens karmiques28. Simeona refusait les mantras ou les exercices de conditionnement mental.

Restes du village Koaiʻe en partie restauré dans le Lapakahi State Historical Park sur l’île d’Hawaï, dans le district de Kohala Nord. Un centre de guérisseurs par les plantes (kahuna lāʻau lapaʻau) depuis le début du XXe siècle

Les principes généraux de son enseignement

Selon son enseignement, il existe un Créateur Divin qui s’occupe des prières altruistes: « Lorsque la phrase c’est accompli est utilisée à la fin d’une telle prière, cela signifie que le travail de l’Homme est terminé et celui de Dieu commence. »29 L’Identité de Soi-Même signifie, que les trois Moi ou aspects de la conscience sont en équilibre et reliés au Créateur Divin30. À cause de leurs vibrations basses, les prières égoïstes atteignent uniquement le monde astral, le lieu des désirs et de la convoitise. De ce niveau de conscience, les désirs personnels matérialistes seraient accordés. „Les prières altruistes, dans lesquelles on prie aussi pour la liberté d’autres êtres ou objets, atteignent par leur hautes vibrations, le niveau divin. De ce niveau là vient l’Énergie Divine, la mana divine ou la Lumière Pure.“31 Cette dernière résoudrait la partie douloureuse des souvenirs négatifs chez tous les participants, indépendamment du niveau auquel ils se trouvent, qu’ils soient incarnés ou non; „tous sont libérés.“32 Le problème perd alors son énergie sur la manifestation physique et la guérison ou le rétablissement de l’équilibre commence. La mana évoquée par Simeona, est une énergie qui apporte la guérison ou l’équilibre, pour cette raison elle n’est pas identique à la Mana de la tradition polynésienne, que l’on possède ou non.

La version de Hew Len

En 1992, (Ihaleakala) Hew Len, ancien étudiant et administrateur de Simeona, est devenu l’instigateur de son organisation. Coauteur d’un livre33, il dit enseigner le hoʻoponopono de Simeona. Contrairement à l’enseignement de Simeona, ce livre propose de « conduire l’Homme au statut-zéro, où il aurait des possibilités infinies, pas de mémoire, pas d’identité. »34 Pour atteindre cet état, que Len nomme l’Identité de Soi-Même, on devrait répéter incessamment un mantra : « Je t’aime, je suis désolé, pardonne-moi, merci. »35 Len enseigne aussi son idée de la responsabilité à 100 %36 pour les actions commises non seulement par soi-même, mais aussi pour celles des autres. Il écrit : « Lorsqu’on prend la responsabilité de sa vie, tout ce que l’on voit, entend, sent, ou apprend d’une façon ou d’une autre on en est totalement responsable puisque cela fait partie de la perception de la propre vie37. Le problème n’est pas la réalité à l’extérieur de soi, il serait à l’intérieur; et pour changer cette réalité, on devrait se changer soi-même. La responsabilité totale comprendrait, que tout le vécu est une projection de l’intérieur de l’Homme. »38

Formation intentionnelle de la réalité

„Huna“, la doctrine connue de Max Freedom Long (1890-1971) est propagée aussi bien par ses élèves que légèrement modifiée par Serge Kahili King. Bien que Huna soit un mot hawaïen (huna pour „caché“, hūnā pour „cacher“)39, les puristes de la culture hawaïenne considèrent certaines parties importantes de cette doctrine comme non-hawaïennes et les refusent. En 193640, Long rédigea sa première œuvre sur Huna, à cette époque-là une présentation de ce que l’on appellerait de nos jours manifestation intentionnelle ou formation intentionnelle du destin, en partie par des rituels magiques. Entre temps le mouvement de Huna, créé par Long, a intégré certaines parties modifiées du procédé de Simeona.

Accordés sans douleur pour un mot ou un geste de trop, il y a les pardons ordinaires. Et puis il y a les pardons extraordinaires, ceux que nous avons tant de mal à concéder, après avoir été blessés au plus profond de nous-mêmes. Pardonner à un parent bourreau, à un agresseur ou au chauffard qui a renversé l’un de nos proches implique un cheminement intérieur long et exigeant, difficile à vouloir, dur à parcourir.

Acte de courage pour certains, aveu de faiblesse pour d’autres, qui lui préfèrent la vengeance, le pardon va rarement de soi. Pourtant, toutes les victimes qui ont pardonné s’accordent à dire que cette démarche les a libérées, qu’elle a même insufflé une nouvelle énergie dans leur vie. Car le pardon sert avant tout à se libérer soi-même. Qu’on le demande ou qu’on l’accorde, il est le fruit d’un vrai travail sur soi dont l’issue reste pourtant incertaine : on peut sincèrement souhaiter pardonner sans forcément y parvenir…
Le processus opère en partie à notre insu et, surtout, nous ne sommes pas tous égaux devant le pardon. Sa « réussite » dépend moins de l’outrage subi que de la façon dont nous l’avons vécu. Ainsi, deux enfants abandonnés n’auront pas le même destin. L’un pourra aborder la vie comme un combat, l’autre comme une lutte perdue d’avance… Ils auront peut-être pardonné à leurs parents, peut-être pas. Chaque histoire est singulière et il existe autant de pardons que de victimes. Malgré tout, nous avons tenté, avec Nicole Fabre et Gabrielle Rubin, deux psychanalystes qui se sont longuement penchées sur la question, d’identifier les grandes étapes qui jalonnent ce chemin.

Décider de ne plus souffrir

Si l’offense ne cesse pas, aucun processus de pardon ne peut s’enclencher. Mais comment y mettre un terme ? Face au coupable – un employeur misogyne, un ami qui a trahi sa parole… –, la victime peut perdre ses moyens, paralysée par sa souffrance.

La première étape consiste donc à décider de ne plus souffrir, à sortir de la violence subie. Quitte à prendre du champ et à mettre de la distance entre soi et le responsable de sa douleur. Dans les cas particulièrement graves, lorsque notre intégrité physique ou psychique est en jeu, la plainte déposée en justice peut être le seul moyen de franchir cette première étape et de mettre le coupable face à ses responsabilités. Pardonner à un agresseur n’empêche pas de porter plainte car, comme l’a écrit la philosophe Simone Weil, « on ne peut pardonner que ce que l’on peut punir ». La justice, rendue au nom de la société, objective la faute, reconnaît la blessure et désigne le coupable, mais seule la victime, si elle le souhaite, peut pardonner.

Reconnaître que la faute existe

Le passé ne s’efface pas. Inutile de chercher à oublier l’offense. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur quelque part dans l’inconscient,
où leur force destructrice continue d’opérer avec encore plus de violence. Reconnaître l’agresseur comme coupable d’une faute, c’est d’abord une nécessité pour soi, pour vivre.
Cela permet, précise la psychanalyste Gabrielle Rubin, de « retourner la culpabilité à l’agresseur et, ainsi, de renouer un lien avec soi-même ». Cela pourra aussi nous éviter de développer des maladies psychosomatiques, ou des conduites d’échecs professionnels et affectifs à répétition.

A découvrir

A lire

Les Paradoxes du pardon de Nicole Fabre.
La psychanalyste et psychothérapeute d’enfants livre ici un vibrant plaidoyer pour le pardon. Un appel à « faire croître en nous le sens de l’humain pour peut-être accéder au champ illimité du spirituel » (Albin Michel).

Le passé ne s’efface pas. Inutile de chercher à oublier l’offense. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine et la rancœur quelque part dans l’inconscient,
où leur force destructrice continue d’opérer avec encore plus de violence. Reconnaître l’agresseur comme coupable d’une faute, c’est d’abord une nécessité pour soi, pour vivre.
Cela permet, précise la psychanalyste Gabrielle Rubin, de « retourner la culpabilité à l’agresseur et, ainsi, de renouer un lien avec soi-même ». Cela pourra aussi nous éviter de développer des maladies psychosomatiques, ou des conduites d’échecs professionnels et affectifs à répétition.

Exprimer sa colère

Pour pardonner, la victime doit en vouloir à son « bourreau », c’est-à-dire reconnaître sa propre souffrance et accepter qu’elle « sorte ». Agressivité, colère, voire haine sont utiles dans un premier temps. Elles sont signe de bonne santé psychique, signe que la victime n’est pas dans le déni et ne porte pas la faute de l’agresseur sur elle. Comme l’explique Gabrielle Rubin, « la haine est un sentiment très violent, que l’on ne peut pas faire disparaître. Si l’on n’est pas capable de la retourner contre son agresseur, on la dirige nécessairement contre soi », au risque de déclencher un processus d’autodestruction. Exprimer directement sa colère, sa haine ou ses reproches à son agresseur est rarement envisageable : le coupable peut ne pas se reconnaître comme tel, ou exercer une emprise trop forte sur la victime pour qu’elle ose l’affronter. Il est quand même possible de faire un travail de détachement en soi : écrire dans un cahier tout ce qui nous anime, s’ouvrir à une personne de confiance ou encore consulter un psychothérapeute si la situation est trop douloureuse.

Cesser de se sentir coupable

La plupart des victimes se sentent paradoxalement coupables de ce qui leur est arrivé. Tenter de savoir quelle part de nous-même a été blessée va permettre de relativiser ce sentiment et la souffrance qui l’accompagne. Est-ce notre orgueil, notre réputation, notre honneur, notre intégrité physique ? Répondre à cette question peut aider à « se disculper, c’est-à-dire à reconnaître que sa responsabilité n’est pas engagée », précise la psychanalyste Nicole Fabre. Il s’agit alors de se détacher de son moi idéal, cette image fantasmée de nous-même et de sortir de la litanie « je suis impardonnable de ne pas avoir agi différemment ». Dans certains cas dramatiques – viol, inceste… –, se pardonner à soi-même peut se révéler indispensable pour continuer à vivre.

Comprendre celui qui nous a blessé

 

Haine et ressentiment peuvent aider à survivre à une agression, mais à long terme, ils nous détruisent. Pour en sortir, il est utile d’essayer de se mettre dans la peau du coupable. Cela donne du sens à l’acte qui nous a fait mal, et dans une certaine mesure, le rend « acceptable ». Comprendre les motivations du coupable ne vise surtout pas à l’excuser, mais à reconnaître ses faiblesses. Le philosophe Paul Ricœur appelait ainsi à « ne pas limiter un homme à ses actes, aussi monstrueux soient-ils ».

 

Prendre son temps

Pardonner, c’est tout sauf passer l’éponge. Un pardon accordé trop vite ne soulagera personne. Il est conseillé d’attendre qu’il s’impose, presque de lui-même, de « laisser passer le temps tout en étant actif dans le processus », explique Nicole Fabre. Un pardon accordé trop rapidement peut être perçu par le coupable comme une absolution. Pardonner sans cette attente serait un leurre pour la victime, qui éprouverait encore du ressentiment, même inconsciemment. Et le danger serait, une fois de plus, que cette illusion de pardon se retourne contre la personne blessée.

Redevenir acteur de sa vie

Comment savoir si nous avons vraiment pardonné ? Lorsque nous ne ressentons plus ni colère ni rancœur à l’encontre de celui qui nous a fait souffrir, « lorsque tout sentiment
de culpabilité pour ce qui s’est passé a disparu », ajoute Gabrielle Rubin, on peut considérer que l’on a pardonné. Un autre signe indubitable que le pardon a été accordé est, selon Nicole Fabre, « le passage à l’acte, qui conduit au retour de la mobilité dans sa vie ». Le pardon est souvent un acte libérateur dans lequel la douleur se dissout et qui permet à l’offensé de redevenir acteur de sa vie, de ne plus subir, voire même de revenir plus fort. Pour Nicole Fabre, « pardonner, c’est s’agrandir, c’est laisser en soi la place pour accueillir l’autre. Le vrai chemin de la libération, c’est de franchir le pas qui permet d’aller au-delà du pardon ».

 

A découvrir

A lire

Du bon usage de la haine et du pardon de Gabrielle Rubin.
Une victime doit parfois savoir haïr pour ne plus souffrir à la place de son bourreau… La psychanalyste défend sa pensée d’une plume limpide et l’illustre de récits poignants. « Nos patients, ce sont les innocents qui souffrent d’une culpabilité indue, dit-elle. Les bourreaux, le plus souvent, se portent plutôt bien » (Payot).

Haine et ressentiment peuvent aider à survivre à une agression, mais à long terme, ils nous détruisent. Pour en sortir, il est utile d’essayer de se mettre dans la peau du coupable. Cela donne du sens à l’acte qui nous a fait mal, et dans une certaine mesure, le rend « acceptable ». Comprendre les motivations du coupable ne vise surtout pas à l’excuser, mais à reconnaître ses faiblesses. Le philosophe Paul Ricœur appelait ainsi à « ne pas limiter un homme à ses actes, aussi monstrueux soient-ils ».

 

http://www.psychologies.com/Moi/Moi-et-les-autres/Relationnel/Articles-et-Dossiers/Les-7-etapes-du-pardon